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Le blog de Didier Feltrin
18 novembre 2007

13 Une économie de marché régulée : l'économie française

13 - Une économie de marché régulée : l'économie française

131 - Réalités et imperfections de la régulation par le marché

Dans une économie de marché pure, les mécanismes de marché sont seuls censés assurer un fonctionnement régulier de l'économie, et en particulier, ce sont eux (on dit aussi : "c'est le marché") qui sont censés répondre de manière optimale aux trois questions fondamentales :
- que produire ?
- comment ?
- pour qui ?

- marché et allocation des ressources productives :
C'est le marché qui décide de ce qui va être produit et du comment cela va être produit.
En effet, les entreprises produisent en fonction de la demande (demande solvable, à ne pas confondre avec "besoin"), ou plus exactement en fonction de la rentabilité de cette demande : si cette demande ne peut être suffisamment rentable, elles abandonnent la production en question et se retirent du marché ; si une demande est rentable, des entreprises se lancent sur le marché ou s'y maintiennent.

Le "comment produire" est déterminé par le marché, puisque le marché détermine non seulement les prix de vente mais aussi les coûts des facteurs de production (matières premières, machines, travail etc...) : l'entreprise choisit la combinaison la plus rentable.

- marché et répartition :
Le "pour qui" est également déterminé par les mécanismes de marché. En effet, c'est le marché qui va déterminer les revenus, à commencer par les revenus du travail salarié : si une qualification est rare, elle sera chère, et ce sera l'inverse pour une qualification abondante ; le salaire sera donc déterminé par la confrontation des offres et des demandes de travail, sachant que les entreprises ont toute liberté pour embaucher ou licencier. Les revenus de la propriété sont eux-mêmes déterminés par la loi du marché.
Dans ce modèle, il n'y pas de redistribution de revenu par l'Etat (de type allocations familiales, RMI etc...), les pauvres sont livrés à la charité publique.

- En théorie, le marché permet l'équilibre économique
On peut citer notamment :
- Jean-Baptiste Say et la "loi des débouchés" : "Les produits s'échangent contre des produits", si l'on a suffisamment de produits différents, il n'y aura pas de crise de surproduction, tout produit trouvera à s'échanger (cela ne signifie pas une économie de troc, mais la monnaie est ici un instrument neutre).

voir notamment :

http://www.pise.info/eco/loidesay.htm  (cours d'économie d'Eric Magnin, Univ Paris 7, avec C. Demangeat)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Say


- Léon Walras (1834-1910) : théorie de l'équilibre général

cf "Eléments d'Economie pure" (1874)

Le libre jeu du marché permet d'assurer l'équilibre économique, et qui plus est un équilibre économique optimal pour chaque agent économique. Walras construit ainsi un système d'équations mathématiques, et il démontre que ce système a une solution unique.

Trop beau pour être vrai?

Ce raisonnement s'appuie sur un certain nombre d'hypothèses :

- rationalité de l'individu, réduite de plus à celle de l'homo oeconomicus ;

- neutralité de la monnaie ;

- concurrence pure et parfaite (ou complète) sur tous les marchés, c'est-à-dire satisfaisant aux conditions suivantes :

    - atomicité du marché (offreurs et demandeurs nombreux et de petite taille, de telle sorte qu'aucun ne        peut influer sur le marché) ;

    - homogénéité des produits (les produits sont identiques, la comparaison ne peut porter que sur les prix) ;

    - liberté d'entrée sur et de sortie du marché (tout offreur ou demandeur peut entrer ou sortir du marché     s'il le souhaite : cela veut dire notamment qu'il n'y a pas de barrières à l'entrée de type investissements) ;

    - parfaite transparence du marché (chacun est informé à tout moment des offres et des demandes en         quantités et en prix) ;

    - parfaite mobilité des facteurs de production (chaque producteur peut trouver les facteurs de production     dont il a besoin, et les réduire si nécessaire - donc en particulier embaucher ou licencier instantanèment     si nécessaire.

Ce modèle de concurrence parfaite est en quelque sorte le modèle idéal pour les économistes libéraux ; en fait, on le rencontre rarement dans la réalité (les Bourses des valeurs s'en rapprochent).


Moyennant ces hypothèses, Léon Walras entend donc démontrer la possibilité d'un équilibre général (biens et services de consommation, facteurs de production), et qui plus est optimal, et ce grâce à des équations mathématiques.

Je vous conseille l'excellent article de M. Harribey Université de Bordeaux

http://harribey.u-bordeaux4.fr/cours/walras.pdf

(si le lien ne fonctionne pas, taper harribey walras sur Google)

- La crise de 1929 : des doutes sur la capacité du marché à rétablir seul l'équilibre économique

 

La crise qui débute aux USA en octobre 1929 va semer des doutes sur les capacités des mécanismes de marché à redresser une situation de crise.

 

spéculation boursière                      ---> crise boursière ---> crise bancaire

(avec endettement de spéculateurs)                                    (difficultés de banques ayant prêté aux spéculateurs etc..)

 

crise bancaire --> crise financière --> conséquences sur les entreprises (difficultés financières,   réductions ou cessations                                                                                                                  d’activité, licenciements…)

 

    --> conséquences sur les ménages (difficultés financières,  chômage, pertes de revenus…)

 

                                                d’où réduction de la demande

 

On est passé d’une crise boursière à une crise économique.

La crise qui débute aux USA en octobre 1929 va semer des doutes sur les capacités des mécanismes de marché à redresser une situation de crise.

Le marché seul va-t-il permettre de redresser la situation? Non.

Les salaires vont baisser, les prix aussi, mais la demande ne repartira pas.

Arrivé au pouvoir en 1933, Franklin Delano Roosevelt ménera une politique d'intervention de l'Etat (le new deal : grands travaux, "reflation"..) et permettra un début de reprise - en fait, il y a eu deux new deal, on peut consulter http://www.medarus.org/NM/NMTextes/nm_05_02_new_deal.htm

- L'apport de John Maynard Keynes (1883-1946)

auteur notamment de la "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" (1934)

Keynes met en lumière :

- l'absence de neutralité de la monnaie ;

- la possibilité d'un équilibre de sous-emploi par insuffisance de la demande (insuffisance de l'"effective demand", c-à-d de la demande effective ou plutôt efficace).

Cela amène à se poser des questions sur la capacité du marché à permettre d'assurer, tout seul, équilibre, emploi et prospérité.


132 - Les échecs de pays à économie planifiée : l'exemple de la planification soviétique.

Il s'agit ici de pays qui ont adopté un modèle de type socialiste marxiste-léniniste : l'URSS après la Révolution de 1917, l'Europe de l'Est après la seconde guerre mondiale et jusqu'à la fin des années 80, la Chine de Mao Tsé Toung en 1949, la Corée du Nord, Cuba, le Viet Nam ...
En fait, ce modèle est de moins en moins présent à l'heure actuelle, soit parce qu'il a disparu avec les régimes politiques qui le soutenaient (cas de l'URSS, de la quasi-totalité de l'Europe de l'Est), soit parce que les Etats se sont adaptés à la nouvelle donne mondiale (exemple de la Chine).

Nous nous limiterons à une brève étude de la planification soviétique.
Pour les révolutionnaires marxistes, un mode de production socialiste ("mode de production" est ici synonyme de "système économique", rien à voir avec votre cours de management) doit succèder au mode de production capitaliste et ce avec une dictature du prolétariat encadré, représenté par le Parti Communiste, parti qui sera le seul toléré. La propriété privée des moyens de production doit disparaître, car c'est sur elle que reposait le capitalisme et la domination de la bourgeoisie (par définition, la bourgeoisie, au sens marxiste du terme, est composée des propriétaires de moyens de production). On a donc une propriété collective des moyens de production (c'est-à-dire en fait étatique, mis à part des fermes de type coopératif - les kolkhozes - dans l'agriculture), le profit privé doit disparître (ou en tout cas rester marginal) pour ne pas risquer de reconstituer un capitalisme, et le marché ne doit jouer lui aussi qu'un rôle marginal.
C'est une planification globale, impérative,centralisée qui devra répondre au "que produire? comment? pour qui?" et assurer la régulation économique.
Globale : elle concerne tous les secteurs de l'économie ; elle détermine les objectifs de production des "entreprises" soviétiques, les facteurs de production qu'elles utiliseront, les revenus, les prix ...
Impérative : elle s'applique de manière obligatoire.
Centralisée : elle est coordonnée avec le Gosplan (Commissariat du Plan) et décidée au plus haut sommet de l'Etat.
Si elle se veut démocratique, on peut penser que le Parti et ses dirigeants y jouent un rôle important.
Il s'agit par la voie de ce socialisme d'arriver au communisme, c-à-d à la richesse pour tous ("à chacun selon ses besoins").
Il y aura une dizaine de plans quinquennaux à partir de 1928 (avec des interruptions dues à la guerre) ; l'URSS sera dissoute le 25 décembre 1991, après un éclatement de l'"Empire" soviétique, et le socialisme soviétique aura vécu.
Cette planification va connaître des problèmes du fait :
- de la très grande complexité de la réalité économique, dès lors que l'on sort d'un état de pénurie, au fur et à mesure que le nombre de biens et services augmente et que l'économie se développe ; il devient alors impossible de planifier l'économie intégralement et dans le détail, ne serait-ce que parce que le nombre d'équations mathématiques nécessaires devient démesuré (même avec l'aide de l'informatique, ce qui n'est pas le cas en 1928!!).
- d'un manque de transparence du fait de la rétention d'information venant des entreprises qui ont peur que l'Administration leur fixe des objectifs trop élevés, l'Administration considérant elle que les entreprises sous-déclarent leurs capacités de production... surestime ces mêmes capacités de production.
De plus, le poids des dépenses militaires est très important, de même que l'influence du complexe militaro-industriel (entreprises liées à la Défense et Armée).

On arrive donc à un échec : l'URSS, grande puissance industrielle dans les années 60, n'a pu s'adapter aux évolutions économiques, sociales, politiques mondiales. Les pays issus de son éclatement ont basculé pour la plupart dans un capitalisme plus ou moins brutal et chaotique.

NB : je me suis appuyé notamment sur l'ouvrage du Professeur Marie Lavigne "Les économies socialistes soviétiques et européennes (éd Armand Colin 1983)".



133 - Des économies "mixtes"

Les leçons de la crise de 1929 et les exigences de progrès social des peuples de pays capitalistes développés ont fait qu'après la deuxième guerre mondiale, l'Etat a constitué une sorte de "contrepoids" de l'économie de marché au plan économique comme au plan social, avec une remise en cause qui s'est amplifiée assez récemment du rôle de l'Etat par les milieux économiques libéraux.

1331 – Après la deuxième guerre mondiale, influence des idées keynésiennes

Le rôle régulateur de l'Etat, et en particulier celui des dépenses publiques, va être affirmé. Les dépenses publiques permettent de réanimer la demande lorsqu'elle est déprimée (c'est-à-dire ne correspond pas à l' « effective demand » - la demande efficace – évoquée dans le § 131), et donc de soutenir la croissance économique : les investissements publics, en particulier, préparent l'avenir (par exemple : infrastructures routières, ferroviaires etc...).

On peut même dire que Keynes va « déculpabiliser » le déficit budgétaire : nous parlons ici du déficit du Budget de l'Etat, c'est-à-dire d'une situation où pour ce Budget, on a :

Recettes < Dépenses.  Et si Recettes < Dépenses, cela signifie que l'Etat prélève moins de fonds sur les autres agents économiques qu'il n'en injecte dans l'économie en dépensant.

De même, les dépenses de protection sociale (allocations familiales et autres prestations sociales) auront été un facteur de soutien de la demande car non liées directement à la conjoncture économique (conjoncture = ensemble des éléments qui déterminent l'état global d'une économie à un certain moment, selon la définition donnée sur le site l'Internaute) .

 

1332 – Marché et réalités économiques ou sociales : loin de Walras

(ce paragraphe complète le §131, il est placé ici pour des raisons d'opportunité pédagogique)

 

Reprenons les questions fondamentales : « Que produire? Comment? Pour qui? », avant d'évoquer ensuite les réalités de la concurrence.

« Que produire? » Dans le modèle économique libéral, la réponse à cette question est donnée par le marché : mais qu'en est-il de la production de biens ou services non rentables, et notamment de services publics ? Et bien, s'ils ne sont pas rentables, ils n'intéressent aucune entreprise, et donc ne sont pas produits. Pour qu'ils soient produits, il faut qu'il y ait une demande rentable pour les offreurs. Ainsi, l'école ne pourra être gratuite pour ses utilisateurs, sauf si les Pouvoirs publics versent des fonds aux utilisateurs les plus pauvres afin de les « solvabiliser », et nous aurons affaire à des « entreprises d'école ». La démocratisation des études, que l'on observe grosso modo depuis les années 1960 en France (et encore!), n'aurait sans doute pas été la même avec une économie libérale « pure et dure » : tout juste aurait-on eu un « service minimum » financé par l'Etat.

De  même, certains investissements ne peuvent être rentables qu'à long terme, et encore avec un degré plus ou moins grand d'incertitude : il en est ainsi de la recherche fondamentale. Certaines dépenses de recherche peuvent d'ailleurs n'avoir aucune rentabilité économique prévisible (un chercheur travaillant sur la langue latine peut-il être rentable?), et pourtant conditionnent le développement intellectuel, culturel d'une nation. Par conséquent, à moins que ces travaux de recherche soient financés par des dons privés (penser par exemple au cas des « maladies orphelines », qui n'intéressent pas l'industrie pharmaceutique privée), c'est aux Pouvoirs publics de le faire.

 

« Comment produire » Dans une économie libérale, la réponse est déterminée par le marché, en fonction des prix, donc des coûts, des facteurs de production (travail, capitaux techniques...) - ce prix se formant sur des marchés, y compris pour les salaires.

Cela entraîne un certain nombre de problèmes, par exemple ceux :

  • des conditions de travail.

  • des déséconomies externes entraînées par les entreprises, c'est-à-dire des coûts ou nuisances qu'elles font supporter à la collectivité (pollution par exemple) : l'intérêt de l'entreprise ne coïncide pas toujours avec l'intérêt général, tant pis pour « la main invisible ».

« Pour qui? » C'est le problème de la répartition. Dans une économie libérale, ce sont les mécanismes de marché qui vont déterminer les revenus. Par exemple, les salaires seront déterminés par le marché du travail, les loyers d'immeubles d'habitation ou de bureaux (qui font partie des revenus de la propriété) seront également déterminés par les marchés immobiliers etc... Ceux qui ne peuvent contribuer de manière rentables à la production, ceux qui ne possèdent pas un patrimoine suffisant vont tomber ou rester dans la pauvreté, et, ici, les pauvres dépendent essentiellement de la charité. On risque de rencontrer de fortes inégalités. Ces problèmes peuvent se retourner contre l'économie elle-même (insuffisance de demande, penser à la « crise de 1929 »), et menacer le lien social. Le lien social peut être défini comme « tout ce qui relie les uns aux autres les membres d'un groupe social..., et les rend solidaires, objectivement et/ou subjectivement », pour reprendre la définition donnée dans le manuel de sciences économiques et sociales, Terminale ES, des éditions Hachette p236. ; on peut penser que si le lien social n'est pas ressenti subjectivement, c'est-à-dire consciemment, ou se trouve rejeté par les acteurs sociaux, l'intégration sociale, la société seront en péril : on se retrouve alors face à une fragmentation de la société en communautés diverses, clans, tribus ou familles, ou même mafias, qui assurent à leurs membres un minimum de « protection ».

 

La réalité de la concurrence : loin de Walras

Nous sommes, dans une économie capitaliste moderne, bien loin du modèle walrasien et de l'hypothèse de concurrence parfaite (ou complète).

- irréalisme de l'hypothèse d'atomicité : la grande industrie nécessite l'oligopole (situation où l'on a un petit nombre d'offreurs - le terme désignant aussi bien une situation de marché que les entreprises vendant sur ce marché : ainsi on dira que le marché de l'automobile est un oligopole, on dira également que Renault ou Ford sont des oligopoles) au moins pour deux raisons :

    - la recherche d'économies d'échelle (réductions de coûts unitaires lorsque l'on augmente  la production), sans  lesquelles seule une minorité de la popualtion roulerait en voiture (au moins les écologistes seraient satisfaits) ;

    -  et comme l'a brillamment exposé John Kenneth Galbraith  dans "L'ère de l'Opulence" (1958) puis dans "Le Nouvel Etat Industriel"  (en américain "The New Industrial State" paru en 1967, traduction française 1968), la lourdeur des investissements, les délais entre la décision de lancer un produit et le moment où les investissements sont rentabilisés qui y sont liés impliquent un contrôle de la demande par les offreurs de la grande industrie afin de diminuer les risques ou incertitudes de non-rentabilisation, et ce contrairement à l'idéologie naïve qui veut que le consommateur soit roi ; c'est la thèse de la "filière inversée" : ce n'est pas la demande qui détermine l'offre, ce serait plutôt l'inverse!

Voici ce qu'il écrivait dans le "Nouvel Etat Industriel" (traduction française, éditions Gallimard, 1968 p 44-45) à une époque où existait encore l'URSS et sa planification :

"Nous en arrivons ainsi à notre seconde conclusion qui est que l'ennemi du marché n'est pas l'idéologie

  mais l'ingénieur. En Union soviétique et dans les économies soviétiques, les prix sont, dans une large mesure gouvernés par l'Etat : la production ne constitue pas une réponse à la demande du amrché, elle est fixée par le plan national

. Dans les économies occidentales, les marchés sont dominés par de grandes entreprises : celles-ci fixent les prix et cherchent à s'assurer une demande pour ce qu'elles ont à vendre. Il faut donc voir quels sont les ennemis du marché, car on a rarement assisté, dans le domaine social, à une telle usurpation d'identité. Les ennemis ne sont pas les socialistes

, ce sont les technologies avancées avec leurs conséquences inéluctables, la spécialisation des hommes et des processus de fabrication et l'accroissement des investissements et des délais de gestation industrielle. Voilà ce qui fait que le marché fonctionne mal quand la société industrielle a besoin de savoir sur quoi compter et que la planification

devient essentielle. La grande firme moderne  et l'appareil moderne de la planification socialiste sont deux variantes qui expriment l'adaptation à un même besoin. Un esprit libre peut détester cette évolution. Mais c'est à la cause qu'il doit s'en prendre. Il ne doit pas demander que l'avion à réaction, les centrales nucléaires, ni même l'automobile moderne à son échelle actuelle, sortent de firmes qui s'accommodent de prix fluctuants et d'une demande non organisée. Il doit demander qu'on n'en produise pas."

(Les < > sont de l'auteur de ce blog.)

Tout est dit, ou presque - ce qui ne signifie pas que l'entreprise doit ignorer le marché ou la concurrence. je n'entrerai pas non plus ici dans l'évocation de la théorie des "marchés contestables" (marchés où il serait possible d'entrer et dont on pourrait sortir sans coûts d'entrée et de sortie, ce qui ferait que tel ou tel oligopole pourrait être concurrencé par un nouveau venu - comme par exemple, les compagnies aériennes classiques le sont par des compagnies low cost, il y a quand même des coûts d'entrée ou de sortie de ce marché!).

John Kenneth Galbraith accorde assez peu de pouvoir à l'actionnaire, celà correspond à la réalité de son temps et peut-être aussi à une mode intellectuelle, ce n'est plus vrai à l'heure actuelle (bien que l'actionnaire individuel ou plutôt le "petit" actionnaire ne dispose que de très peu de pouvoir!) où la financiarisation de l'économie (pouvoir très important des marchés financiers) joue beaucoup sur le management des entreprises (avec les risques de "court-termisme" déjà évoqués).

Pour en terminer avec l'irréalisme de cette hypothèse d'atomicité, évoquons le monopole (situation où l'on a un seul offreur - le terme désignant aussi bien une situation de marché que l'entreprise offreur sur ce marché).

Le monopole privé est généralement "pourchassé" par les Etats capitalistes, car il est, bien entendu anti-concurrentiel, et tend à restreindre les quantités qu'il met sur le marché pour vendre plus cher et faire plus de profits. Mais, pour en rester à l'exemple français on a assisté après la deuxième guerre mondiale à l'installation de monopoles publics comme EDF, la SNCF, la Poste ou les télécommunications, monopoles aujourd'hui remis en cause sous l'effet de l'Union européenne. Pourquoi de tels monopoles ? Eh bien, pour réaliser des économies d'échelle et assurer un service public équitable sur tous les points ou presque du territoire à des prix qui ne désavantagent pas l'habitant de Terraube (32) par rapport à celui de Toulouse ou de Paris (j'évoque ici bien sûr l'électricité, ou le courrier, et non le train) ; pour pouvoir réaliser des investissements lourds comme par exemple le nucléaire sans contraintes de rentabilité immédiate (sans parler des questions de sécurité).

- irréalisme de l'hypothèse d'homogénéité des produits : les entreprises ne se concurrencent pas uniquement par les prix, loin de là, elles différencient réellement ou artificiellement leurs produits (marques, qualités, services fournis avec le produit etc...) ce qui leur permet de mieux coller à la demande ou/et d'éviter une concurrence frontale par les prix ; de plus elles ne sont pas localisées au mêmes endroits - c'est ce que les économistes Edward Chamberlin (USA) et Joan Robinson (GB) avaient appelé "concurrence monopolistique" en 1933.

Donc, nous nous trouvons la plupart du temps dans des situations de concurrence imparfaite, bien loin des hypothèses walrasiennes.


 

- Rôle de l'Etat :

Nous en resterons essentiellement à l'exemple français, ces points seront développés en Terminale.

    - production de biens ou de services, par l'intermédiaire d'Administrations publiques (exemple : Education nationale), ou d'entreprises publiques. Cette production directe par l'Etat est de plus en plus remise en cause : délégations de service public (par exemple pour l'eau, ou des transports urbains - voir aussi cours de management) qui permettent d'économiser et de faciliter la gestion (emploi de personnels sous contrat de travail privé au lieu de fonctionnaires, par exemple), privatisations d'entreprises publiques (qui permettent également de dégager des ressources pour le Budget de l'Etat, ainsi qu'un management plus moderne et ouvert sur le monde).


    - rôle du Budget : les dépenses publiques permettent de soutenir l'économie (rôle des déficits budgétaires, aujourd'hui remis en question) et de l'orienter (grands travaux, dépenses ou plutôt investissements de recherche ou militaire, financement de la production de biens ou services non rentables) -  le poids de la Dette Publique et l'ampleur des besoins posent problème.

    - rôle d'invitation à la concertation : action pour que les partenaires économiques ou sociaux se "réunissent autour d'une table" et trouvent ensemble des réponses à des problèmes aussi divers que la hausse des prix du pétrole ou des produits alimentaire, les retraites ou la protection de l'environement...

    - rôle de réglementation, de plus en plus important : par exemple, en matière de protection de la concurrence (empêcher des pratiques anti-concurrentiells). les "mauvaises langues" diront que ce sera bientôt l'essentiel des prérogatives qui resteront à l'Etat, et que de toute façon, la plupart du temps il s'agira d'appliquer un droit imposé par l'Union Européenne!


L'Etat français n'est sûrement plus aussi interventionniste que dans les années 1950 ou 1960 : en somme, il fixe ou fait appliquer les règles du jeu économique, il semble qu'il intervienne de moins en moins dans ce jeu.


 

 




Mise en ligne terminée le 13 décembre 2007.

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