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Le blog de Didier Feltrin
15 juillet 2008

24 - Le marché du travail : compléments

<distribué sous forme de polycopié-papier>

24 - Le marché du travail : compléments

La formation du salaire :

cf doc 17 p 150

En théorie :

- en règle générale, on considère que l’offre de travail (qui vient des travailleurs, rappelons-le) augmente avec le salaire : plus le salaire (horaire, mensuel….) est élevé, plus les salariés offriront du travail ; cette affirmation est partiellement inexacte : à partir d’un certain niveau de salaire, les salariés concernés, gagnant assez d’argent, ne travailleront pas plus, ou même travailleront moins.

- en règle générale, on considère également que la demande de travail venant des employeurs diminue lorsque le salaire (horaire, mensuel….) augmente, le salaire constituant un coût ; or, pour une même quantité de capital fixe, la productivité du travail tend à diminuer à partir d’un certain nombre de salariés (ou d’heures de travail).

 

En théorie, il est possible de tracer une courbe d’offre de travail et une courbe de demande de travail sur un marché du travail donné (cf p151). L’intersection de ces deux courbes correspond à un équilibre entre quantité offerte de travail et quantité demandée, et ce à un certain prix qui est ici le salaire.

 

Dans la réalité, le marché du travail est relativement rigide : il s’ajuste davantage par les quantités (heures supplémentaires, licenciements économiques…) que par les prix (baisse des salaires par exemple).

Parmi les causes de rigidité,, sont souvent évoqués (cf documents 20 et 21 p 152) :

- l’existence d’un contrat de travail : mais il constitue une sécurité aussi bien pour les salariés (stabilité relative de leur pouvoir d’achat…) que pour l’employeur (stabilité du salarié dans l’entreprise – recruter et former a un coût -, motivation des salariés) ;

- le Salaire Minimum Interprofessionnel de croissance (SMIC) : il est accusé de créer du chômage en empêchant le recrutement de travailleurs moins productifs, mais il limite le nombre de travailleurs (très) pauvres ; il faut voir aussi que le chômage n’est pas toujours ce que l’on appelle le « chômage classique » (chômage venant de salaires jugés trop élevés), que les salaires soutiennent la demande de biens et services (demande insuffisante égale souvent chômage), et qu’il s’agit aussi d’une question de dignité de l’Homme au travail.

 

voir aussi cours § 2111

 

 

Complément : la flexsécurité (ou flexisécurité)

 

Faut-il plus de flexibilité du travail pour relancer l'emploi ? Débat.

La Tribune 2 mars 2007

Selon les dernières statistiques de l'emploi d'Eurostat, le taux de chômage dans

l'Union européenne (7,5 %) recule mais reste bien plus élevé qu'aux États-Unis ou au

Canada. Pour certains experts, cela tient au fait que les marchés du travail ne sont pas

assez flexibles, à l'exception de la Grande-Bretagne ou du Danemark.

 

Katinka Barysch économiste au Center for European Reforms à Londres

Oui : "Flexibilité veut dire opportunité"

Nous avons de nombreuses preuves que la flexibilité sur le marché de l'emploi est une

bonne chose, aussi bien celle qui consiste à pouvoir licencier et embaucher

rapidement un salarié que celle qui leur offre la possibilité de passer d'un emploi à un

autre. Le deuxième élément rend d'ailleurs le premier plus acceptable pour les

salariés. Les entreprises, et en particulier les petites, qui sont sur des niches, innovent

et participent ainsi à la croissance, doivent bénéficier de flexibilité. Elles n'ont pas de

réserves financières et pas de grande visibilité sur l'avenir. Elles doivent donc avoir la

certitude qu'elles peuvent licencier, sinon elles ne prendront pas le risque

d'embaucher. Si la flexsécurité à la danoise a ma préférence, une flexibilité plus dure,

comme c'est le cas au Royaume-Uni, est quand même préférable à la situation

allemande ou française, où une large majorité des salariés a peur de perdre son

emploi. Même avec un taux de chômage autour de 8 %, c'est irrationnel. Cela vient

sans doute du fait que les salariés savent que, dans un marché si peu flexible, ils ne

pourront pas retrouver aisément d'emploi. Les Britanniques, en revanche, ne sont pas

inquiets. Pour eux, flexibilité rime avec opportunité. Certes, les États doivent faire des

efforts pour améliorer l'éducation et la formation, aider à la recherche d'emploi, et

offrir des possibilités de créer une entreprise, mais il n'empêche, du fait que chaque

pays européen possède un système d'allocations chômage et d'aides à la recherche

d'emploi, la flexibilité pourrait être plus largement mise en place pour sortir de la

protection des emplois et passer à la protection des salariés.

 

Mathieu Plane économiste, Observatoire français des conjonctures économiques

(OFCE)

Non : "La croissance reste la meilleure réponse au problème de l'emploi"

Au regard des mouvements de main-d'oeuvre, le marché du travail français est

flexible. Le taux de rotation des effectifs (moyenne entre les entrées et les sorties

d'emploi au cours d'une année) se situe à 40 %, la part des CDD et des intérimaires

dans les embauches représente plus de 75 % (les embauches en CDI sont inférieures à

25 %), ou encore la part des CDD de moins d'un mois dans les embauches est passée

de 35 % en 2000 à plus de 50 % au début 2006. Malgré cette flexibilité, le marché du

travail, en France, est loin du plein emploi. En outre, si plus de flexibilité permet de

réduire les délais d'ajustement entre emploi et activité en période de reprise

économique, le phénomène est symétrique en période de ralentissement : les emplois

sont détruits tout aussi vite. Introduire plus de flexibilité n'est pas l'assurance du

retour au plein emploi. Actuellement, la France souffre plus d'un problème d'activité

que de flexibilité. D'ailleurs, la France a créé 1,9 million d'emplois sur la période

1998-2001, tandis que sur la période 2002- 2005, seuls 260 000 emplois ont été

créés, soit sept fois moins. Cet écart ne s'explique pas par une différence de flexibilité mais par le fait que la croissance était de 3,1 % par an en moyenne entre 1998 et 2001,

et de 1,4 % seulement entre 2002 et 2005. La croissance reste la meilleure réponse au

problème de l'emploi. La France souffre d'une croissance molle qui induit un

chômage de masse. La solution au chômage viendra d'une meilleure croissance qui

pourrait être initiée par une conduite plus judicieuse des politiques

macroéconomiques en Europe.

Dans flexsécurité, il y a sécurité

Même si l'OCDE a prévenu qu'imiter le fameux modèle danois de flexsécurité ne

serait pas chose facile dans le reste de l'Europe — il est fondé sur un taux d'imposition

tellement élevé (53 % en moyenne) que les Européens ne seraient pas prêts à

l'accepter —, certains experts ne rêvent pourtant que de l'appliquer dans l'Hexagone.

Ou plutôt — et c'est bien là que le bât blesse — une partie seulement de l'équation de

la flexsésurité. En ne retenant que l'aspect flexibilité, ils oublient non seulement les

impôts, mais aussi les devoirs de l'État comme des entreprises. Pour que flexibilité

puisse aussi vouloir dire nouvelles opportunités pour les salariés, le gouvernement

doit faire des efforts, en matière d'éducation, de formation professionnelle et d'aide à

la recherche d'emploi, de concert avec les entreprises, qui ne doivent pas de leur côté

oublier la mobilité interne. C'est le prix à payer. Surtout dans un pays qui, à l'inverse

des États-Unis, est si peu habitué, par ses traditions et son histoire, à la prise de

risques individuels. Les Français, qui sont déjà, selon une récente étude réalisée par

l'Institut Montaigne, parmi les plus protégés en Europe en matière d'emploi et, en

même temps, ceux qui se sentent le moins en sécurité, ne pourraient supporter les

contraintes d'une flexibilité sans contreparties.

 

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